Voyage vers le froid et l'obscurité
En toute honnêteté, être de retour au Royaume-Uni en novembre, c'est ...
Maman a essayé de me rassurer en me disant que la température avait "un peu" baissé aussi dans le sud de la France. Il semble que de temps en temps, il y ait un nuage gris ou deux lors d’une mauvaise journée ! Le voyage de retour à Cambridge depuis Antibes a duré environ 18 heures, pauses déjeuner comprises et vitesse maximale de 110 kmh pour la Polo. On s'est donc arrêtés une nuit à Dijon puis une à Boulogne-sur-Mer.
La réservation de l'hôtel à Dijon, qu'on avait choisi pour son parking privé pour sécuriser nos affaires pendant la nuit, s'est avéré être une bonne idée. Il y avait une super déco 2001: Space Oddity, une piscine, un bain à bulles et un sauna. Un vrai plaisir après les longues heures de route. Le temps s'est dégradé une heure avant d'arriver à Boulogne-sur-Mer quand on a rattrapé la queue de la tempête Ciarán. Une transition douce vers la météo britannique. L'hôtel partageait son parking avec le commissariat local et se trouvait en plein centre-ville. On a donc profité d'une belle promenade et d'un délicieux repas accompagné d'une bière artisanale à "La cave de Monsieur Guy" en plein milieu de la ville fortifiée.
Après un retard raisonnable de l'Eurostar et un passage en douane sans accrocs grâce au nouveau passeport français de Didi, on est arrivés chez nous sains et saufs dans l'obscurité froide et humide.
Les bons aspects du retour
Ça nous a fait du bien de retrouver la maison telle qu'on l'avait laissée, fonctionnelle et décorée à notre goût, après un an d'adaptation aux bizarreries des AirBnbs comme les éviers conçus pour géants, des chaudières douteuses ou des portes de réfrigérateur qui s'ouvrent dans le mauvais sens.
La bonne humeur de Didi a compensé notre petit spleen, elle était ravie de se retrouver sous la pluie et de pouvoir se rouler dans l'herbe et les feuilles trempées de son parc local. On peut voir sur la vidéo qu'elle a du ressort dans ses pattes. Quand on est arrivés, elle a couru dans tous les sens dans la maison "à la Scoobidoo" en dérapant partout comme un chiot, à tel point qu'elle a sauté dans les escaliers, oublié qu'ils étaient plus raides et plus étroits qu'en France, et est tombée en arrière sur le dos assez brutalement dos... alors on a monté une barrière d'escalier le lendemain. Aveuglée par son enthousiasme, elle a aussi réussi l'exploit de tomber dans la rivière Cam pendant sa promenade, et s'est retrouvée en état de choc à cause de la température par rapport à ses bains matinaux méditerranéens. Un coup de sèche-cheveux l'a finalement ravivée.
Il y a d'autres points positifs. Le temps s'est amélioré depuis notre arrivée et à condition de se lever tôt pour le voir, l'herbe est plus épaisse et plus verte ici que dans tous les endroits où on est allés pendant l'année. L’automne a donné aux feuilles des arbres géants de belles teintes cuivrées. Le soleil s'est levé et même s'il ne fait pas chaud, les températures sont au-dessus des normales à cette époque de l'année. On a également eu le plaisir de retrouver nos plats à emporter habituels, de régler nos contrôles de santé sans encombres et globalement, de renouer avec nos anciennes habitudes. En vérité, on peut dire que Cambridge nous a bien servis ces dernières années, c'est probablement l'une des meilleures villes où vivre au Royaume-Uni et l'une des plus sûres au monde.
Retour à la routine ou grande décision pour l'avenir ?
Toutes belles choses considérées à propos de Cambridge, en particulier les amis, dont les meilleurs voisins qu'on puisse souhaiter, une couche de lustre a disparu. Retomber dans notre ancienne routine a un goût un peu rance. La graine du changement a été semée et pousse lentement mais sûrement. Ça signifie qu'on est passés du « Et si on… » à « Quand est-ce qu'on va… » et qu'on planifie un déménagement final. Ça pourra prendre entre 3 et 15 mois. Même si Didi proteste, la date de notre départ dépendra principalement des options de Cuong. Il vient de reprendre le travail tout en continuant son Master et explore les possibilités de travail à semi-distance au sein de son entreprise actuelle, ainsi que d'autres opportunités à Antibes. De mon côté, j'ai fait mes recherches administratives pour savoir comment transférer mon job en France tout en gardant REM enregistré au Royaume-Uni.
En attendant, on continue notre petite vie ici. Entre autre, faire refaire le carrelage de la salle de bain qui, comme nous, a pris trop d'humidité ici au fil des années et vient de jeter l'éponge. On avait tout juste réussi à maîtriser l'humidité et la moisissure, et notre locataire avait fait un travail fantastique pour les tenir à distance, mais la dame de notre agence immobilière qui a fait l'inventaire à notre retour a eu la bonne idée de pousser un peu les carrelages "pour voir s'il y avait des dégâts", .... et à ce moment-là, ils sont tombés dans la baignoire. La semaine prochaine sera donc passée avec un maçon à la maison. On est optimistes qu'il terminera le travail avant Noël parce quand il est venu faire le devis et qu'on lui a offert une tasse de café, il a répondu : "Non merci, j'ai un autre job après, et le café diminue mon énergie, je suis un hyperactif vous comprenez..." ! La sœur de Cuong viendra ensuite pendant une semaine depuis Aberdeen où elle étudie, ce qui nous fait très plaisir, comme on a épuisé notre quota légal de jours à l'étranger pour les trois prochains mois.
On est retournés à notre petite piscine et salle de sport locales, mais on a du mal à maintenir le ratio salle de sport/natation 5 fois par semaine qu'on avait maintenu toute l'année dernière. On en est maintenant à 3 fois. Je pense que c'est parce qu'en France et en Espagne , On y allait entre 17h et 18h. Comme il fait sombre et froid ici dès 16 heures, sortir demande trop de volonté. On a donc décalé notre heure de natation/gym à 7h30 du matin, ce qui, sans surprise, demande aussi trop de volonté.
Exit light / Enter night...
Ce qui est plus simple ici, c'est de se couler sur le canapé sous une grosse couverture, et entre deux épisodes d'Orange is the New Black pour me rappeler la chance que j'ai de ne pas moisir en prison, ce qui serait pire que Cambridge. Là, je m'entraîne à jouer de la guitare. Quelques années pendant ma jeunesse d'apprentissage de la flûte, du piano et du solfège ne m'ont pas beaucoup aidée, du fait que les notes habituelles sont complètement en désordre sur les guitares, et le système le plus courant de notes c'est CDEFGAB au lieu de DoRéMiFaSolLaSiDo. Pourquoi Ô Pourquoi. Ça m'a rappelé l'apprentissage du vietnamien : même si on apprend des tonnes de vocabulaire, la grammaire est tellement différente que le mieux est de jouer au boggle pour la comprendre, c'est-à-dire de jeter tous les mots en l'air, et de les lire tels qu'ils atterrissent au pif. C'est comme ça qu'on peut se rapprocher d'une structure vietnamienne. De même pour les accords de guitare. Traduire les notes et essayer de les trouver sur les frettes m'a rendu dingue, jusqu'à ce que je prenne la décision d'oublier tout ce que j'avais appris auparavant, et d'accueillir le chaos avec un esprit ouvert, en repartant à zéro.
Mes voisins, Cuong et Didi, sont pleins de gratitude que j'utilise principalement des écouteurs pour faire mes exercices, mais après un mois, je suis quand même fière de pouvoir me rapprocher du début d'un classique de Metallica. OK ça demande un peu de gymnastique mentale pour imaginer le bon rythme et les bonnes notes, mais voilà, je me lance dans Enter Sandman, et c'est super ! 😊😊😊Bon Dire Straights devra attendre encore un peu plus 😒
Sur ces notes approximatives mais pleines d'espoir, il est temps de dire "Goodbye my friends, so long and thanks for all the fish" comme dirait Douglas Adams, un trésor de Cambridge. Je reviendrai peut-être ici un jour, j'espère pour partager l'expérience d'un retour en France après de nombreuses années à l'étranger, et peut-être inspirer certains d'entre vous à nous suivre au soleil. J’aurai alors le recul nécessaire pour réfléchir avec nostalgie à tout ce qui nous manquera de l'Angleterre ! Pour l'instant, je pars me promener dans la nuit et dans le froid avec Didi, mon petit soleil, avant que Cuong ne rentre du travail et n'apporte la chaleur des rayons ! Lots of love, Val.
--- À suivre...
Les ombres portées par Didi folâtrant sur la petite herbe du parc montrent bien quel merveilleux paradis ensoleillé Cambridge peut être fière d'être - et vous d'y désormais vivre trop peinards, "comme Dieu en France", comme se dit en Allemagne en temps de paix...
Et aussi les palmiers - et l'obélisque aussi, sur les photos du haut - mais où diable l'avez-vous déniché ? Dijon, Boulogne ???
Merci pour tous ces articles, si agréables à lire, et si réjouissants ! (Ach, sauf l'article sur Dénia et ses morts-vivants nazis bien-sûr !)