Après l'ambiance dynamique de Valencia, on est allés au sud vers la petite ville côtière de Dénia, à seulement une heure et demie en voiture. Dénia a 42 000 habitants et est connue pour ses belles plages, ses sites historiques et ses restaurants de fruits de mer. C'est aussi le port espagnol d'où partent les bateaux vers Ibiza, Majorque et Minorque, une bonne chose car les fêtards et les foules de touristes ont tendance à se diriger vers les îles sans s'arrêter à Dénia plus de quelques heures. La ville conserve donc une identité fermement espagnole.
J'étais super contente parce que :
J'avais hâte d'être loin des grandes villes et d'avoir une ambiance plus "vacances"
Après avoir regardé obsessivement plus de 200 épisodes de l'émission de télé "Une place au soleil '' depuis le premier confinement pour me m'imaginer sur la plage avant d'aller en Espagne, c'est comme si je connaissais déjà Dénia : Quand on est coincée sous la flotte et le ciel gris britannique et qu'on rêve de chaleur, on sait que Dénia est l'une des villes les plus fréquemment présentées dans l'émission.
Dénia n'a pas déçu. Y arriver, c'est comme prendre une profonde inspiration et laisser échapper un long soupir de bonheur. L'atmosphère est reposante, un mélange de tranquillité et d'énergie. C'était mon sentiment du moins. Cuong venait de terminer un de ses marathons "nuit blanche" scotché à son ordi pour ses examens et avait l'air aussi frais qu'un poisson d'Ordralfabétix.
... Ou Stimpy?
Yeux injectés de sang et mal au ventre. Heureusement, quelques nuits de repos et des smoothies banane-curcuma l'ont aidé à retrouver son teint étincelant et sa santé.
Fallas, feux et pétards
Ce qu'on avait pas réalisé, c'est que les Fallas, ces énormes fêtes de plusieurs semaines avec plein de pétards bruyants et mises à feu de statues énormes que j'ai décrites dans le blog sur Valencia, battaient également leur plein à Dénia… Pas d'échappatoire.
En ce qui concerne les pétards, j'ai deux modes : soit sursauter, soit me plier en deux comme si j'étais sur le point d'être touchée par une rafale de mitrailleuse. La paranoïa me donne un regard paniqué, alors je finis par ressembler à Scrat, qu'on a d'ailleurs repéré sur l'une des statues des Fallas.
Bien sûr, plus on a l'air nerveux, plus les petits hooligans vous repèrent et vous ciblent pour faire exploser leurs pétards. Et c'est clair que l'Espagne n'a AUCUNE réglementation en ce qui concerne le niveau maximum de poudre autorisé, je n'ai jamais entendu de BANGS aussi forts de ma vie, le volume d'un tir d'AK47 à côté, ce n'est qu'une rafale de pets!
Ma lâcheté (pas totalement injustifiée) a été vaincue par le peu d'orgueil qui me restait, alors Cuong a réussi à me traîner (râlante) en ville le jour de la mise à feu des statues des Fallas. Les bouchons que j'ai enfoncés dans mes oreilles pour diminuer le bruit n'ont pas marché du tout. Néanmoins cela valait la peine pour le spectacle, je n'aime peut-être pas les pétards, mais le feu si, comme ma pauvre mère pourrait en témoigner après quelques, euh, incidents domestiques dans ma jeunesse (désolée encore maman, d'avoir brûlé un gros trou dans la peau du tambour traditionnel Dogon ramené du Mali en chauffant la peau sur la gazinière pour améliorer le son…).
Comme vous pouvez le voir, les statues des Fallas ont un style un peu Disney-Kitsch avec une touche de satyre bienvenue, mais chaque fois qu'on les regarde sous un angle différent, on repère un nouveau détail. Du coup, à la fin de la semaine, on commence à développer des liens émotionnels avec le léopard, le buffle, la danseuse, le fakir... et on se sent un peu triste de savoir que le jour de leur destruction arrive. Quel spectacle n'empêche: des feux d'artifice sont plantés à l'intérieur et autour des statues (bizarrement beaucoup moins bruyants que les pétards des gosses), puis une Bandas joyeuse fait danser tout le monde, et pendant toute la nuit, la foule marche d'une structure de statues à un autre pour les voir brûler. Ca dure de 8h du soir à 3h du matin !
Ce ne sont pas des petits feux, un minimum de 5 camions de pompiers sont là pour la mise à feu de chaque statue, et ils sont essentiels car elles sont dispersées dans tous les quartiers les plus importants de la ville à quelques centimètres de câbles électriques, d'appartements avec des gens courageux (ou dingues ?) aux balcons, de la mairie, des églises, du marché, des écoles etc. Les feux brûlent haut et fort, les foules applaudissent et regardent leurs personnages préférés brûler, transformant certains d'entre eux (en particulier les léopards et les panthères) en créatures incandescentes sorties de l'enfer.
Ensuite, les pompiers arrosent les hauts bâtiments environnants et les statues jusqu'à ce que les feux s'éteignent, et enfin, les jeunes entre 8 et 18 ans, moitié vêtus de leur costume traditionnel et moitié de jeans et baskets, dansent et marchent en cercle autour des restes calcinés. Des Païens, quelle joie ! On a vraiment apprécié de voir les ados autant s'amuser. Je vais commencer par la vidéo de la mise à feu de l'une des Fallas. A noter le léopard étrange qui émerge des flammes !!! Toutes les statues ci-dessous ont été brûlées, il y en avait beaucoup plus qu'on a pas prises en photo.
La mise à feu...
Les Païens appréciant le spectacle...
Fallas et pompiers...
Les Fallas ont confirmé que Didi était sourde à 100% car elle n'était dérangée par aucun des pétards, occupée qu'elle était à renifler des gonades de Chewie sur la plage.
A ce propos...
Gonades de Chewie
Didi adore se ballader sur les algues spongieuses, ce qui est agréable c'est vrai, et apparemment elles sont aussi pleines d'odeurs intéressantes. Mais des boules étranges très sèches sur la plage n'arrêtent pas de s'emmêler dans la fourrure de ses coussinets, et mes doigts en conséquence. J'ai eu un mal... de chien à les enlever avec des ciseaux, ces choses maudites ont de minuscules crochets qui piquent comme des orties. Après avoir cherché sur Google, j'ai découvert qu'elles sont communément et graphiquement appelées "Gonades de Chewie" en hommage à Chewbacca de Star Wars (ou plus poétiquement, "boules de Neptunes").
Il faut admettre qu'elles sont la quintessence de l'éco-cool. Elles sont faites de débris emmêlés d'algues de mer mortes et "filtrent plus de 867 millions de morceaux de plastique et de déchets de l'eau chaque année. Elles fournissent des services et des avantages écosystémiques importants, tels que l'amélioration de la qualité de l'eau, l'absorption de CO2, l'atténuation du changement climatique, la stabilisation des fonds marins et des plages, la protection des côtes, des zones d'alevinage et de refuge pour de nombreuses espèces et le soutien à la production halieutique. Elles peuvent également être transformées en un matériau d'éco-isolation." Donc bon, on leur pardonne.
L'eau de mer est super claire. La plage a des petites piscines rocheuses style Côte d'Azur d'un côté de la ville et elle est sablonneuse et sauvage de l'autre. Il y a une zone juste derrière la plage de sable où personne n'est autorisé à aller, car des œufs d'oiseaux protégés éclosent en cette saison, c'était amusant de suivre les traces de leurs petites pattes tous les matins pendant mes promenades avec Didi. Les chiens ne sont techniquement pas autorisés sur les plages non plus, mais personne ne semble s'en soucier le matin et les gens ici sont bons citoyens niveau ramassage de crottes. Voilà Didi et son bain quotidien.
On a repéré pas mal de camping-cars dont un visiblement appartenant à Mad Max que les amateurs apprécieront !
Gym, nage et sauna
Un des moments forts de notre séjour, à part prendre le petit-déjeuner sur le balcon ensoleillé de notre Airbnb à 5 minutes de la plage, a été d'aller dans l'énorme complexe sportif public voisin avec plusieurs piscines, un spa, un sauna, une salle de sport, des studios de danse, et à l'extérieur des terrains de basket, de football et de tennis. Ce n'est pas le genre de chose qu'on peut trouver en Angleterre, et s'il y en avait, cela coûterait 4 fois plus cher ! On a vraiment apprécié d'y aller une heure par jour pour faire de la gym ou simplement nous détendre (la mer est encore un peu trop fraîche pour y nager). Bravo l'Espagne, c'est fantastique d'avoir ce genre d'établissement à la portée des gens "normaux". Résultat, il y avait souvent plein de petits, heureux comme des papes, qui pataugeaient bruyamment (les têtards comme on les appelle), mais l'endroit est si grand qu'il est quand même relaxant. Ondes positives sur toute la gamme.
Par contre j'aurais pas dû essayer le cours de Zumba un peu trop énergique, les changements soudains de direction ont fait un truc super bizarre à mes deux orteils, sorte d'ampoules de sang qui sont encore là deux semaines plus tard !
Au total...
On a tellement aimé Dénia et notre chouette Airbnb qu'on a réservé pour revenir 2 mois en mai et juin. Voici quelques images de la ville et plage. En attendant de revenir, on continue au sud, un voyage de 6 heures vers Torremolinos pour rendre visite pendant le mois d'avril à nos vieux amis Samuel et Craig, qui ont déménagés de Cambridge il y a un peu plus de deux ans. Yippee !
A bientôt à Torremolinos ! XX
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Excellent, très réjouissant blog, plein d'humour, photos originales et bien choisies, ça change des habituels compte-rendus de voyages aussi barbants que les soirées diapos d'antan ... Et au moins toi, tu sais écrire. Exceptionnel ! Sur le dernier de Dénia, j'adore le chat noir funambule sur la laisse de Didi ! J'attends l'épisode TourMoulins.